Lectures d’été : sept ouvrages à glisser dans les valises de vos enfants![]() Pourquoi ne pas profiter de l’été, saison du dépaysement, pour inciter vos enfants à renouer avec l’univers des livres, ou tout simplement, à diversifier leurs lectures ? Entre nouvelles, romans ou poèmes, voyages fantastiques, sagas familiales ou interrogations pleines d’humour du monde actuel, voici sept pistes à explorer avec un public de 5 ans à 15 ans. Pas si méchantAvec Pas si méchant (Ker Jeunesse éditions, 2015), Marie-Aude Murail nous livre un recueil de trois histoires courtes à savourer. Un format parfait pour les histoires du soir, en lecture orale avec les enfants de 5 ans, ou en lecture autonome à partir de 7 ans. Et une très bonne entrée dans l’univers humoristique et décalé de cet autrice incontournable de la littérature de jeunesse. Ces nouvelles sont emplies de jeux de mots (avec par exemple les ogres Boufpatan, Boufpatou et Boufpatro ou le lapin Tibou Nulantou), d’histoires drôles, mais aussi de moments de réflexion : les ogres doivent-ils être méchants ? Que se passerait-il si les enfants pouvaient décider à la place des adultes ? Ou encore comment savoir si nos parents nous aiment ? Bob le tamanoirJérôme Pace, docteur en science des religions, travaille depuis plusieurs années dans les milieux de la presse et de l’édition ; il dirige notamment la collection Lettres japonaises chez L’Harmattan. Passionné de langue française et d’écriture, il a publié en 2010 ce recueil de poèmes en vers et en prose, où les mots rares ont la part belle. Chacun des neuf poèmes de Bob le tamanoir, drôles de mots, drôles d’histoires (L’Harmattan, 2010) met en scène animaux ou créatures merveilleuses dont les aventures sont narrées dans un style enlevé, où le plaisir du langage est évident et contagieux. La quatrième de couverture invite les enfants à découvrir des mots inconnus : un index riche mais clair permet à chacun de poursuivre sa lecture sans mal, et d’enrichir son vocabulaire. C’est une initiation aux joies de la langue que propose l’auteur : celles des mots oubliés, des sonorités, du rythme, et de la transmission des histoires. Les enfants parfaitsIssu d’une création radiophonique diffusée en 2010, publié en 2019 aux éditions Thierry Magnier, ce petit livre de quarante pages questionne les enfants sur la place des robots humanoïdes dans notre société. L’histoire de Mariannick Bellot commence lorsque Barnabé acquiert un robot pour le remplacer à l’école. Très vite, elle prend une tournure plus sombre quand le robot essaie de prendre sa place du héros dans sa famille. Facile à lire à partir de sept ans, cet ouvrage permettra aux enfants de se poser des questions philosophiques sur ce qui constitue leur humanité. RenversanteLe monde de Léa, l’héroïne de ce petit roman, est un monde où les femmes ont le pouvoir : elles sont présidentes, ministresses, écrivaines, professeuses, magistrates, poétesses etc. Ce sont les hommes qui prennent des mi-temps pour s’occuper des enfants et de la maison et cela « depuis la nuit des temps » ! Dans cet univers renversé c’est bien le féminin qui l’emporte sur le masculin dans les livres de grammaire et le livre lui-même joue de façon métatextuelle sur cette règle en féminisant tous les noms et en accordant tout au féminin. Florence Hinckel joue avec humour sur les clichés et stéréotypes de genres pour mieux démontrer leur caractère construit – et donc « déconstructible ». Renversante (L’Ecole des loisirs, 2019) est un livre pour les enfants mais aussi pour les adultes et qui peut être lu en autonomie à partir de neuf ans. Le Livre de PerlePour les lecteurs adolescents, Timothée de Fombelle offre un très bel ouvrage qui combine deux mondes, le nôtre et celui des contes de fée, avec plusieurs narrateurs qui permettent au lecteur de voyager entre les univers et les époques. Du monde magique intemporel à notre société, des années 1930 à 1980, les histoires s’entremêlent et s’enchâssent, contant l’histoire d’amour entre une fée et un prince, qui se retrouvent exilés dans notre propre monde. Gagnant du prix des pépites du roman adolescent européen de 2014, écrit avec délicatesse, Le Livre de Perle (éditions Gallimard Jeunesse, 2014) enchantera les lecteurs férus d’aventure, de rebondissements et de magie. L’aube sera grandioseNine, adolescente de quinze ans est amenée un soir par sa mère dans une cabane au bord d’un lac. Pendant toute la nuit sa mère va lui raconter sa propre histoire, l’histoire d’une saga familiale rocambolesque, touchante, drôle et triste. Cette narration à deux voix, celle de Nine et celle de sa mère, est rythmée par les heures de la nuit et la tension qui grandit au fil de la lecture et du récit qui se tisse. Avec L’aube sera grandiose (Gallimard Jeunesse, 2017) Anne-Laure Bondoux, lauréate du prix Vendredi, nous présente une histoire poétique qui garde le lecteur en haleine jusqu’à la dernière page. La Belle SauvageDernière publication de Philip Pullman, La Belle Sauvage est le premier volume d’une trilogie encore à paraître, qui prolonge sa célèbre trilogie pour la jeunesse À la croisée des mondes. Les nouveaux lecteurs y trouveront une introduction claire à son univers, et les initiés un riche approfondissement. Depuis l’auberge tenue par ses parents, le jeune Malcolm est témoin de la montée de l’autoritarisme et se retrouve entraîné dans des machinations politiques qui l’amèneront au cœur de la tourmente. La Belle Sauvage (Gallimard Jeunesse, 2017) est un récit de voyage, qui mêle fantasy, roman d’espionnage et contes de fées. La barque éponyme de Malcolm lui fait parcourir la Tamise, à travers les villes, les strates sociales, les genres littéraires et les mondes. Véritable initiation à la lecture, ce roman articule enjeux politiques et rencontres fantasmagoriques, et enjoint chacun à apprendre toujours plus et à utiliser son savoir pour changer le monde. Eléonore Cartellier, Docteur en littérature britannique, Université Grenoble Alpes et Sibylle Doucet, Doctorante, Université Grenoble Alpes Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original. Partager des histoires avec ses enfants pour les préparer à la lecture![]() Quand un parent décide de partager un album ou un recueil de contes avec un très jeune enfant, il ne se contente pas de lui lire un texte à voix haute. Au fil du récit, il va souligner par le jeu des intonations les moments importants de l’histoire ou expliquer le sens de certains mots nouveaux. Et, même si le livre présente des illustrations éclairant l’histoire, on voit bien que ce rituel place la langue écrite au centre de l’attention de l’enfant en âge pré-scolaire. Cette pratique qui, au premier abord, peut paraître exclusivement « ludique » a en fait une forte incidence sur le développement du langage et sur l’apprentissage de la lecture qui se mettra en place au CP. Tout d’abord, la fréquence de ces lectures partagées à la maison influence le développement de certaines compétences liées à la langue écrite. À partir des renseignements réguliers glissés lors de cette activité, les enfants peuvent renforcer les bases essentielles aux pratiques de lecture et d’écriture mises en place à l’école. Une des compétences est celle qu’on appelle « sensibilité à l’orthographe ». Il s’agit d’une aptitude précoce permettant à l’enfant de comprendre les caractéristiques et l’organisation de la langue écrite. Cela anticipe ce qui sera ensuite explicité pendant la scolarisation. Pour donner des exemples, c’est ce qui permet de reconnaître que la langue écrite française est « linéaire », qu’elle se développe de gauche à droite, et, qu’entre deux mots écrits, il y a un espace blanc. Associer des signes au sensCes caractéristiques peuvent apparaître évidentes. Mais elles doivent être maîtrisées avant de pouvoir pour aborder une nouvelle modalité de communication complètement différente de l’oral, et à laquelle un enfant n’est pas du tout familier. La sensibilité à l’orthographe ne comprend pas seulement des jugements sur les régularités orthographiques de la langue, mais aussi des compétences comme la capacité d’associer une suite de lettres à un sens. Pendant l’acquisition de la langue orale, un enfant d’environ 20 mois peut déjà associer un objet présent dans la situation de communication à la séquence de sons qui le désigne – par exemple appeler « chat » un chat qu’il est en train de voir à un moment donné). Associer un sens à une séquence de signes sur le papier est une tâche bien plus complexe, pour plusieurs raisons. D’abord parce que cette séquence évoque un élément absent de l’environnement immédiat de l’enfant. De plus, cette suite de lettres manque d’iconicité : cela veut dire que, contrairement à un dessin, elle ne reflète pas forcément les caractéristiques de l’objet qu’elle désigne. Dans les activités de lecture partagée, l’adulte aide l’enfant à établir et à consolider le lien entre une séquence écrite et un sens, mais également à faire la différence entre un dessin et une production écrite. Cette pratique anticipe une compétence nécessaire pour apprendre à lire et à écrire en primaire : comprendre qu’un mot écrit est porteur d’une signification et que le rapport avec cette signification n’a pas la même nature que ce qui a lieu avec un dessin. Enrichir son vocabulaireDe plus, au fil de ces lectures, l’enfant va fréquemment rentrer en contact avec des mots qu’il n’a jamais entendus précédemment, et qui correspondent à des réalités parfois bien éloignées de son quotidien – comme le mot « requin », dans un livre sur les animaux de la mer). L’adulte, en explicitant le sens de ce mot inconnu, aide l’enfant à élargir son vocabulaire. La lecture partagée devient donc aussi un support pour le développement du lexique et ce développement a des conséquences sur les activités de lecture à l’école primaire. En effet, Cain et collaborateurs (2004) ont montré que les enfants ayant des difficultés à comprendre un texte écrit à l’école primaire sont ceux dont le vocabulaire est très réduit. La lecture partagée devient donc un outil qui permet de façon indirecte aux futurs élèves de mieux réussir dans les tâches de compréhension d’un texte écrit. Il ne faut pas oublier que, dans ces moments de partage autour d’un livre, l’enfant n’est pas autonome face aux pages écrites. L’enfant doit donc d’abord comprendre les productions orales de l’adulte pour comprendre l’histoire. Plusieurs recherches ont montré que le lien entre compréhension orale et écrite est très fort chez l’enfant, avant et pendant l’école primaire. Ces études ont montré que la capacité de comprendre une histoire racontée à l’oral prédit le niveau de compréhension d’un texte écrit. Plus un enfant est capable de saisir une histoire racontée à l’oral, mieux il se repérera dans une production écrite quand il se retrouvera seul face à un livre. Ces résultats, comme beaucoup d’autres, rappellent que l’éducation à la lecture commence bien avant le CP, à travers des interactions de la vie quotidienne et des efforts réguliers autour de la compréhension orale. Samantha Ruvoletto, Maître de Conférences, Université de Lorraine Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original. Un album unique
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